domingo, 14 de enero de 2018

Anarchistes et bolcheviks, par Charles Jacquier (Le Monde diplomatique, janvier 2018)

Anarchistes et bolcheviks, par Charles Jacquier (Le Monde diplomatique, janvier 2018)

 

 

Lanarchiste
Emma Goldman (1869-1940) défend l’action des bolcheviks avant son
expulsion des États-Unis vers la nouvelle Union soviétique. Arrivée à
Petrograd avec son ex-compagnon Alexandre Berkman en janvier 1920, elle
fait partie de ces libertaires qui sont proches des nouveaux dirigeants
russes ; ces derniers la chargent de la
création d’un musée de la révolution, ce qui va lui permettre de
sillonner le pays et de rencontrer officiels et anonymes. Quelques mois
après l’insurrection de Cronstadt, elle parvient, toujours avec Berkman,
et non sans difficulté, à quitter le pays, en décembre 1921. Elle
travaille alors à la rédaction de My Further Disillusionment in Russia (1924) (1) :
le récit d’une douloureuse déconvenue devant les conceptions et les
pratiques autoritaires du régime, la mise au pas des soviets,
l’apparition de la bureaucratie et la répression des courants
révolutionnaires non bolcheviques. Au-delà de ce témoignage éclairant,
c’est le processus même de son désenchantement qui retient l’attention ; elle parle de son « incapacité à [se] couper de ce qui avait été un idéal rêvé » et ajoute : « C’était comme un grand amour auquel on s’accroche longtemps après sa fin. »